C'est l'impression qui compte
On a tous une motivation quand on photographie. Il y a des raisons fonctionnelles, presque utilitaires. Il y en a d'autres, sentimentales. Certaines ont été une quête du beau. Et puis la photo évolue, hors de soi. On l'oublie, on n'y pense plus. Elle est coincée entre deux pages d'un roman qu'on a jamais fini. Elle est dans un tiroir, destinée à être classée, tôt ou tard. Elle traîne des mois sur une table de chevet ou sur une étagère.
Et puis, on la redécouvre, des mois ou des années plus tard. On a oublié quelles sont les raisons qui nous ont poussé à presser le bouton, à ouvrir l'obturateur. Mais reste cette image figée du temps. Ce moment accroché sur ce papier. Et l'on a cette impression, ce souvenir du mouvement capturé, les sons, l'odeur même, la texture des vêtements, le temps qu'il faisait. On peut se tromper, et on se trompe souvent sur ce souvenir. Mais l'impression demeure, et elle devient la réalité intangible du moment fixé sur le négatif.